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Olympia
Assise dans un fauteuil, un jour, je lui dirai
"mon fils, il faut que tu écoutes. Voilà la pile de 33 tours,
ah celui-ci c'était Véro; Véro était une fille
qui chantait le rock en français - alors que personne n'y croyait
- le blues et les rythmes brésiliens, enfin elle était musique.
Je me rappelle un soir, j'étais allée
la voir à l'Olympia, un vieux music-hall que tu n'as pas connu.
La première partie était assurée
par ses musiciens. Ils étaient six et américains, ils
chantaient bien les bougres ! C'est comme ça qu'on a écouté
cinq chansons très électriques : Guitares, basse, percussions,
synthétiseur, batterie, et saxo. C'était vraiment bien.
Et puis, Véro arriva, souriante, de
fort bonne humeur déjà. Elle nous a donné un
"Pour qui" à faire sourire un inspecteur des impôts, cinglant,
formidable. Toutes ses chansons s'echainaient parfaitement, comme
dans une suite logique. Elle nous baladait ainsi pendant une demi-heure.
Après le break, elle revenait seule,
s'asseoir à son piano noir qui prenait des airs de destin. Elle nous emmenait de tristesse en mélancolie pour finir sur la
solitude.
On reprenait alors nos esprits pour écouter
- que dis-je - pour fantasmer; Déferlements d'harmonies sortant
tout droit des entrailles du piano et des guitares électriques,
folie musicale qui gagnait aussi le saxo et la batterie. Alors c'était
"Bouddha", "Devine-moi" etc. Après une heure à ce
régime, Véro se levait et nous saluait.
Un broncha naissait dans la salle, juste pour
la faire revenir. Ce qu'elle faisait. Une version très
jazzy de "Bahia" venait clore le concert, en apothéose car tout
le monde reprenait en choeur. Drôle d'impression que cette
chanson à la poésie si intime soit chantée par 2000
personnes à la fois.
Tu vois, notre seule folie était de
l'écouter encore et encore...
Christine |
Olympia
Sitting in an armchair one day, I said to him "My son, you must listen to me.
There is a pile of LPs. This one was from Véro. Véro was a girl who sang rock in
French, and nobody believed it: blues and Brazilan rhythm, she was finally
music.
I recall, one evening, I went to see her at the Olympia, an old music hall that
nobody knew. The first part of the concert was performed by her musicians. There
were six of them, and they were American, and those fellows sang well. It was as
if we heard five extremely electrified songs: guitars, bass, percussion,
synthesizer, drums, and saxophone. It was really good.
And then Véro arrived, smiling, and already in good form. She gave us "Pour Qui"
(For who) who would make a tax inspector smile; biting and great. All of her
songs linked together perfectly as in a logical sequence. She made us danse like
this for half an hour.
After the break, she returned alone, and sat at her black piano which took on
the air of destiny. She gave out a sadness of melancholy to round off the solo
section.
On with our spirits enthusiastic to listen, you could say, to fantasize; a
stream of harmonies came straight out of the depths of the piano and the
electric guitars, a musical craze which now included also a saxophone and drums.
It was with "Bouddha", "Devine-moi", etc. After an hour of this formula, Véro
got up and waved.
The audience willed Véro to return, and this she did. A very jazzy version of "Bahia"
closed the concert, like a summit because everyone was singing. It was funny
that this poetic and intimate song would be sung by 2000 people at the same
time.
You see, our only craze was to listen again and again...
Christine.
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