Harmonies |
(Number 5 Part 2) |
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La "grande sœur" de Vero? Une fille très très
sympa!
Violaine, c'est la "vieille" - elle n'a pourtant que deux ans plus que Veronique. C'est fou ce qu'elle peut nous faire penser à elle! Au départ, les similitudes d'intonations nous avaient déjà frappés au téléphone. Maintenant, c'est le regard, cette façon de sourire un peu en coin, de parler avec les mains en ouvrant tout grand les yeux et cette fameuse "dramatisation du langage" (de Vero aux "Rendez-vous du dimanche" en février : "En Allemagne", il y a des milliards de répétitions!"). Le rendez-vous est pris à son agence, à deux pas des Halles; De vastes bureaux aux murs clairs, des gens sympa. Le téléphone n'arrête pas de sonner, la sonnette de la porte non plus. Violaine a "quelques trucs à régler" et elle est à nous. - Je suis désolée de vous avoir fait un peu attendre, s'excuse-t-elle en nous faisant entrer dans son bureau. Elle rentre de vacances, bronzée, elle porte un chemisier blanc casse sur un pantalon de toile violet. Elle sort d'un rendez-vous et en a un autre dans peu de temps... On s'assoit; Une prise pour le magnéto et on démarre! - Tout d'abord, quel est ton rôle dans cette agence? - Je suis associée. Nous sommes trois porteurs de parts. - Raconte-nous un peu ton arrivée dans la pub. - Bien. Commençons par le début. J'ai fait une licence puis un doctorat de droit tout en commençant à travailler dans la pub... mais la pub, c'est quinze heures par jour alors je n'ai pas tenu, jusqu'au bout. Il fallait choisir et je suis entré dans une agence franco anglais sympa puis j'ai rejoint un grand groupe français. Je me suis mariee et j'ai eu un petit garçon qui s'appelle Julien et qui a aujourd'hui 5 ans et demi. Et là, avec mon mari, on a décidé de se jeter à l'eau et de monter une boite de prêt-a-porter qui s'est bien développée et dans laquelle on a mis une énergie considérable, qui nous a fait vivre pendant deux ans et demi. Et puis, on a vécu une crise considérable, crise conjoncturelle d'abord et crise du textile ensuite. C'était du prêt-à-porter pour femme, des choses pas hyper-créatives, qu'on porte plutôt en province. On avait l'ambition de faire des produites intéressant avec un bon rapport qualité-prix. On a donc arrêté tout ça et j'ai repris du service dans la pub parce que c'est mon "truc" et je suis entrée dans une grande agence américaine avant d'atterrir ici. - Et la musique dans tout ça? - La musique, c'est fini pour moi. - (moment de surprise...) Pourquoi? - Parce
que je crois que, pour faire de la musique, il faut avoir du temps. Je
pensais que je pourrais toujours en faire, enfin composer, parce que je
ne peux pas chanter; je chante comme une patate mais je vis des journées
complètement folles; je pars très tôt le matin, je
rentre tard le soir. J'arrive à huit heures chez moi, je fais à
manger pour mon petit garçon, je range trois ou quatre trucs dans
la maison, j'essaye de lire un tout petit quelque chose parce qu'on ne
peut pas vivre tout à fait en marge de la société.
Avant, j'habitais dans des endroits ou on pouvait se mettre au piano a 11 heures et jouer, maintenant, depuis 6 ans, j'habite dans un endroit où après 10 heures, on ne peut plus faire de bruit. - Mais, tu as un piano chez toi? - Oui, je crois que j'aurai toujours un piano chez moi, même si je n'en joue pas. En plus, il y a un truc, c'est que le week-end, quand il pleut, je pourrais jouer (quand il fait beau, on est dehors pour faire du sport) mais quand je fais de la musique, je déconnecte complètement par rapport au reste et ça, les enfants, ils ne supportent pas. Ils ont besoin qu'on ne soient pas distants avec eux. Quand je joue du piano, je ne suis plus là et c'est toujours le moment qu'ils choisissent pour se faire mal ou pour avoir envie de jouer. Le contexte n'est pas favorable, disons. Un autre point, c'est le fait que quand on compose, on se fait plaisir, on aime ça parce que c'est agréable mais il vient un moment ou lorsqu'il n'y a jamais de débouché pour ce que l'on fait, on ne travaille plus, on ne finit pas les textes, on n'améliore pas... on devient très médiocre, et je ne supporte pas la médiocrité. Et le fait est que je n'ai absolument pas le temps pour voir des gens et leur dire "Voila, j'ai une chanson". Et puis, bon, il n'y a pas que moi sur la marche. Je suis hors du coup. - Il y a longtemps que tu n'as rien fait? - Ah oui! - Tu avais fait un générique de feuilleton TV? - J'avais fait les textes pour un copain. - Parlons un peu des Roche Martin... - Les Roches Martin, c'est un groupe qu'on avait formé, Veronique, François Bernheim et moi. C'est à partir de ce moment-là qu'on a vraiment commencé à composer. On avait rencontré François en vacances, en Espagne, sur la plage. C'était une époque fantastique. On faisait des blagues, des parties de "pigeon volé "; on se mettait dans un endroit où tout le monde passe et qu'ils appellent le parc. En fait, c'est un infâme truc plein de poussière avec un vague bassin, un poisson rouge. On se donnait des gages. Et les espagnols ne savaient pas ce que c'était que "pigeon volé " et le soir, a la fin on est devenu l'attraction du village. Il y avait 500 personnes formant un cercle de 20 mètres de diamètre, qui venaient voir les 50 petits français (parce qu'on avait commence a 10 et qu'à la fin, on était 50) jouer a "pigeon volé ". Il y avait une surenchère au gage pas possible: enlever le chapeau d'une dame et le mettre sur la tête d'un monsieur qui n'était pas content du tout... Voila, c'étaient nos grandes distractions. On bien le soir, on chantait sur la plage. On s'est mis à faire des chansons ensemble parce que c'était rigolo et que ça nous faisait passer de bonnes soirées. On chantait les chansons des autres et les nôtres. Et un jour, un fils d'ami de mes parents a trouvé ce qu'on faisait pas mal et il nous a emmenés chez Pathe-Marconi. Là, on a fait un premier disque qui a eu un succès fulgurant : on a dû en vendre 480! Vero dit 110, François 900. De toutes façons, c'est dans ces eaux-là. Claude-Michel Schöenberg était le directeur artistique. Dans ce premier 45t, il y avait 4 titres. Il devrait y avoir un slow. Sur le second 45t, il y avait "Maria de Tusca" (Vero soliste). Ça c'était bien je dois dire. Si on le sortait maintenant, ce n'est pas un truc qui ferait rire... et, sur l'autre cote du disque, il y avait un titre de Vero et un de moi et aucun des deux n'était vraiment tarte. - Quel age avait Vero? - Elle devait avoir 15/16 ans. Et, à cette époque-là, elle écrivait déjà de très belles chansons. - Et sa méningite, c'était à ce moment-là? - Non, s'était bien avant puisqu'on l'avait emmenée aux Enfants Malades. Elle avait 11/12 ans. - Et après ces deux 45t, tu aurais pu continuer? - Oui, mais à cet age-là, tu te mets sur des rails. De plus, la pub, ça marche bien. Et puis quand on a une sœur comme Veronique qui a tellement de talent et qui fait ça tellement bien... c'était son chemin et la pub, c'était le mien. Je crois que je suis un très bon compositeur mais je vous avoue que, très franchement, je n'ai pas le talent de Veronique, sans faire d'excès de modestie. - Vous avez des tempéraments différents au départ? - Je crois qu'on a des tempéraments différents mais on a aussi des points communs très importants, qui sont les suivants: je crois que chacune dans notre métier, on réussît bien. On est des fanatiques du boulot bien fait mais sans aller jusqu'au pinaillage; on a la volonté de faire ce qu'il y a de mieux, d'aller jusqu'au bout de nos possibilités, quelles que soient les choses que l'on fait. On a peut-être aussi en commun une certaine forme de sensibilité. Ceci mis a part, il est certain que j'ai plus de caractère qu'elle, mais aussi beaucoup moins de capacité créative. - Et le côté contact-avec-le-public, c'est quelque chose qui t'aurait plu? - Oui. À l'époque, ça me plaisait beaucoup plus qu'à elle, qu'il fallait traîner sur scène. Maintenant, c'est différent. Elle y prend une dimension supplémentaire. - Si elle n'était pas ta sœur, t'intéresserais-tu autant à sa musique? - Oui, parce que très franchement, je trouve ce qu'elle fait fan-tas-tique. - Tu essayes de savoir à l'avance quel genre de chansons elle est en train de composer? - Non. Disons que ça se passe un peu naturellement. Elle se met au piano et elle me fait écouter ce qu'elle a fait. C'est drôle parce que j'écoute tout le temps tous ses disques mais on ne se parle pas trop boulot. Il faut dire qu'on ne se voit pas beaucoup. Le travail, ça fait partie des choses capitales, mais pas importantes. Ce qui est important, c'est d'être ensemble, de se raconter des trucs qui n'a pas beaucoup d'intérêt, d'être bien ensemble.
Ce qui intéresse Veronique, c'est peut-être que je vois, moi, sa carrière avec un recul qu'elle n'a pas, avec les yeux de sa sœur mais aussi ceux de la "femme de marketing". Je ne dis pas pour autant qu'elle est un produit - çà, a été une mode de dire çà. - Parlons d' "Une maison après la mienne", qui l'a composée? - J'ai tout composé, paroles et musique. J'avais donne la cassette a une fille qui s'appelait Marie Collins et qui devait la chanter et Vero a pris la cassette, et quand elle est revenue, elle avait le disque gravé sous le bras, pour me faire une surprise. Elle n'avait pas changé une note. - Tu l'avais écrite à la guitare? - Non, au piano - je ne joue que de ça. Mais c'était plutôt fait pour la guitare. - Et depuis, elle ne t'a jamais demandé d'écrire quelque chose? - Disons qu'elle n'en a pas besoin, elle l'avait fait par gentillesse. - Quand vous vous retrouvez toutes les deux ou bien, entre amis, ou en famille, vous jouez? - Elle se met au piano et on chante tous "Au clair de la lune", en général pas ses chansons. On fait les pitres. Il y a longtemps que ça ne nous est pas arrive d'ailleurs, de faire les pitres... - Qu'est-ce que tu écoutes en ce moment? - Il y a plein de trucs qui me plaisent mais je ne connais pas les noms. Il y a un truc qui va sortir et qui est super, c'est le disque de Bernard Swell. Sinon, j'écoute Sugarhill Gang, Supertramp, Elton John... En fait, je n'écoute pas beaucoup de musique parce qu'écouter de la musique pour moi, ce n'est pas mettre un disque et faire autre chose, c'est mettre un disque et vraiment écouter et je n'ai pas toujours le temps en ce moment et en plus, comme on m'a pique 3 autoradios de suite dans ma voiture... - Et tu as vu des gens sur scène ce temps-ci? - Oui, j'ai vu Berger. C'était bien. J'ai beaucoup aimé les effets de mis en scène. J'ai vu Herve Christiani aussi parce que c'est le frère d'une copine. C'était sympa. - Et la moto? Tu as commence par la course de voiture non? - Oui. C'était en 69/70, je n'avais pas de sous et une voiture de course, ça coûte très très cher. J'été tout le temps sur les circuits et un jour, j'ai passe un contrat avec un type qui s'était acheté une Alpine mais qui n'avait plus de quoi l'entretenir; je lui ai propose de payer l'entretien (je gagnais déjà ma vie) et de faire une course sur deux. Il n'y avait pas beaucoup de filles, à l'époque, qui couraient en circuit et dans ma catégorie, j'étais la seule. Les premières courses, c'etait tout a fait lamentable, mais a la fin de la saison, çà a commence a ne pas trop mal marcher et comme dans ma catégorie, très franchement, il n'y avait pas vraiment des bêtes, il y a eu des moments où j'ai même fait de belles petites places. Et puis, lorsqu'une fille court et qu'il ne se passe pas grand chose (pas de disputes acharnees entre deux champions), ca donne sujet au speaker qui est sur le circuit. Les gens de Kawasaki ont donc entendu que je courais et ça leur a mis la puce à l'oreille; ils se sont dit que mettre des filles dans des voitures, c'était bien mais qu'on devait pouvoir en mettre sur des motos de course. Alors ils sont venus me trouver pour me proposer de courir. Je leur ai dit "moi sur une moto? Jamais. Il n'en n'est pas question une seconde. J'ai fait une fois du solex et j'ai eu tellement peur" - c'est vrai, je me souviens, j'avais fini le chemin à pied! Dramatique! Et puis, je suis allée à une course de moto, puis à une autre, puis au Bol d'Or et je me suis achetée une toute petite moto (90 cc). J'avais la frousse là-dessus! Mais, seulement pendant 15 jours, après, j'ai commencé à bien m'amuser. Et un jour, j'ai signe mon contrat. J'ai commencé par faire des courses d'endurance. La moto, c'est une des plus grandes joies de l'existence. C'est extraordinaire. La voiture à cote, ce n'est rien. Rien. L'inconvénient majeur, c'est le froid. Dans toutes les courses d'endurance que j'ai faites (et qui se deroulaient pourtant de'avril a septembre), j'ai "pele de froid", j'avais 12 pulls et 80 paires de chaussettes, c'etait dramatique et quand il pleut, on est trempes jusqu'aux os ! - Et Veronique? - Elle aimerait bien acheter une moto à Los Angeles, mais pour la conduite, parce qu'il fait beau. - Tu es déjà allée à Los Angeles? - J'y suis allée avant que Veronique n'y habite mais je n'ai pas eu l'occasion d'y retourner... Bon, il faut que j'aille bosser un peu, parce qu'on a deux clients qui ferment demain... - O.K. Merci beaucoup. Propos récueillis par Catherine Dreano & Laurent Calut |
Vero's older sister? A very very nice lady! Violaine, it is the "elder" - yet she is only two years older than Véronique. It is crazy what she can make us think of her! In the beginning, the similarity of intonation stood out already on the 'phone. Now, the look, this way she smiles a little in corner, speaking with hands, while opening her eyes widely, and the known "dramatization of the language" (of Vero on "Rendez-vous du dimanche" in February: "In Germany" there are loads of rehearsals"!).
- "I am sorry to have made you wait a little", she apologizes while allowing us to enter her office. She has just come back from holiday, tanned, and she is wearing a white blouse with purple canvas trousers. She has just come out of a meeting, and has another of it in a short while...
And then we lived through a considerable crisis, firstly an economic one, and then a textile one. It was a "ready to wear" for women, things which were very inventive, and which are worn above all in the provinces. We had the ambition to make products which were interesting, and which had good value for money. We stopped everything, and I started again in the publicity service because that is my "thing", and I joined a big American company before coming here.
- But do you have a piano at home?
Interview conducted by Cathérine Dreano and Laurent Calut. |
Revised: July 01, 2002. |