Harmonies

(Number 5 Part 6)


  . Paroles d'une petite fille (fin)

Soudain, Véro apparut en courant, guidée dans le noir par la lampe de poche de Tony et, sous les applaudissements. C'est à ce moment-là que je pris une première photo (parue dans le No. 4 d' "Harmonies").
Alors, pour ne pas manquer une seconde du spectacle, je m'assis devant la scène et regardais avec admiration ce qui se déroulait sous mes yeux. L'absence de Véronique avait été bien longue pour nous, petits lorrains; mais, nous ne l'avions pas oubliée, elle non plus d'ailleurs car immédiatement une ambiance chaleureuse régna dans la salle. J'observais les musiciens un à un et je fus attendrie par la timidité de Rich Cavanaugh, la gaîté et le regard malin de Plato T. Jones, l'élégance de Bob Meighan, la complicité de Bernard Swell, mais aussi la sympathie de tous les autres. Véronique était dans "son élément" : entourée de musique et d'amour.
Elle sait accrocher son public. Par exemple dans "Le Maudit", vers la fin de la chanson, elle fait comme ceci: "Mais ta douleur (silence), efface (la voix reste en haut - tout le monde est en suspens), ta faute (la voix se radoucit)".
Un jour, une amis me demanda ce que Véronique Sanson avait de particulier sur scène; Je lui ai répondu : "tu as déjà vu une chanteuse française s'accompagner à la guitare électrique sur scène ?  Eh bien, Véro, ça, elle le fait". Ma camarade dut s'avouer vaincue...
Il y a un moment qui a laissé un peu le public sur sa faim, c'est après la chanson "Drôle de vie" quand Véro dit "à tout à l'heure ! "  Immédiatement, on pouvait entendre les soupirs de déception dans la salle. Alors, pendant que tout le monde se précipitait sur les sucettes glacées et le cannettes de bière, je tentai d'aller dire un p'tit bonjour à Véronique. Cette fois, aucun problème. Elle était toute seule, contemplant la photo de Christopher qu'elle avait sorti de sa mallette à maquillage. Elle leva la tête, me regarda, sourit, puis s'exclama : "Ah ! C'est donc toi, Ludovique".  Nous échangeons quelques mots mais une personne qui m'était inconnue vint interrompre notre petite conversation. Comme ils engagèrent rapidement la discution, je décidai de repartir à ma place. Véronique, me voyant sortir de la loge, me retint le bras et dit : "tu viens me voir à la fin, hein ?"  Cette petite phrase me fit très plaisir. Cela pouvait qu'elle n'était pas totalement indifférente à ma visite. La deuxième partie du spectacle fut encore plus belle que la précédente. Nous eûmes l'avant-première de "Toute une vie sans te voir", suivi de "Ma Révérence". C'était très émouvant. Là, Véronique dévoilait un peu, nous faisait des confidences, déchirantes. Toutefois, elle essayait de se redonner du courage en accentuant sa voix que l'on sentait angoissée. Après cette série de chansons tristes mais belles, je voyais de grosses larmes troublant ses yeux fatigués, peut-être pour avoir tout dit. Un groupe de jeunes à côté e moi, agité quelques minutes auparavant, se taisait et je les voyais se pincer les lèvres. Véronique avait sensibilisé tout le monde. Même les gardes du corps étaient venus s'asseoir auprès de nous, abandonnant leur tache ressemblant à celle de geôliers. Tout d'un coup, Véronique, le visage grave, fixa le fond de la salle sans un mot. Un silence lourd pesait autour de moi. Je me sentis subitement mal à l'aise. Que se passait-il ?  Je ne savais s'il fallait rire ou se taire. Heureusement, un spectateur cria : "Véronique, un sourire !". Alors, elle éclata de rire, les guitares jouèrent les premiers accords de "Mariavah" puis la batterie et les autres instruments suivirent. Alors, Véro se leva de derrière son piano et entraîna tout son public, saoul de cette musique au tempo brésilien, dans une "ville cachée au fond d'une île où tout le monde est tranquille". Elle nous offrit un voyage irréel et inoubliable à travers cette chanson. J'étais ivre de joie et de musique. J'avais envie de serrer Véronique tout fort dans mes bras pour la remercier. Puis succédèrent "Vancouver", "Etoile rouge", "Blues tune" ("Celui qui n'essaye pas"), "Bahia", "On m'attend là-bas" et "Devine-moi". Evidemment acclamations, ovation, rappel effréné, délire. La voix de Véro se faisait de plus en plus rauque. Il était temps d'arrêter!  Elle s'enferme dans la loge et n'en ressortit plus. Bernard Swell m'affirma qu'elle était épuisée, qu'elle s'était écroulée sur la chaise et allait rentrer directement à l'hôtel sans manger. Il ne voulait plus, malgré sa promesse, me laisser lui parler. J'étais profondément déçue. Je n'étais pas sûre de la revoir avant deux ans... alors, je me souvins d'une porte située de l'autre côté et qui conduisait à la loge. Sans rien dire à personne, je me faufilai entre tous ces gens et je passai par derrière. Arrivée devant cette porte, j'hésitai quelques instants avant de l'ouvrir puis, finalement, j'entrai discrétement. Katia poussa un soupir de découragement en me voyant, mais partit aussitôt avec Claude Wild. J'étais à présent seule avec Bernard et Véronique. Je me sentais à la fois heureuse et terriblement gênée. C'est Véro qui me sortit de cet embarras. Elle me prit le bras, m'attira vers elle et m'embrassa amicalement en me serrant tout fort. J'étais très émue. Je me perdais dans ses yeux remplis de fatigue et de tendresse dans lesquels je lisais un dialogue où les mots auraient été inutiles. Son regard fit le tour de mon visage puis elle me murmura quelques mots. J'avais la gorge serrée et je sentis une larme descendre le long de ma joue. Véronique aussi était émue, elle me souriait presque triste. Alors, je ne sais pour quelle raison, je décidai de quitter la pièce. "Tu r'viendras m'voir ?" me dit-elle. Je lui répondis par un hochement de tête puis, je sortis de la loge, emportant son sourire comme un cadeau, c'était mon plus beau cadeau, ma richesse de petite fille.
Enfin un mois après, le 4 décembre, Véronique se représenta pour la dernière fois en France à Nancy avant de partir pour le Brésil. Je ne voudrais pas encore développer sur le spectacle car je l'ai déjà fait dans mon journal de collège "la cocotte en papier" (article et illustrations que vous pouvez d'ailleurs recevoir sur simple demande) mais, plutôt en retenir les moments exceptionnels. Je me souviens particulièrement de la fin du spectacle. En effet, ce fut un véritable triomphe bourré de gags pour donner une touche humoristique à ce dénouement. Tony monta sur scène pour apporter à Véronique un verre de vin sur un couvercle de poubelle !  Ensuite, et après avoir eu le privilège d'écouter environ 4 chansons en plus du récitals, les techniciens vinrent "kidnapper" les musiciens. Le public se demandait ce qu'il se passait. Nous assistions à un véritable démontage puisque les spots furent descendus, les micros retirés et une partie du matériel remballée. Enfin, ce n'était pas le plus important. Mais quand ils nous enlèveront Véronique, la foule protesta, prête à grimper sur scène pour la rattraper. Heureusement, ils nous la laissèrent encore quelques minutes pendant lesquelles Eric Estève et Plat T. Jones reprirent en coeur avec le public de vieux succès américains. Puis les cotillons volèrent de toutes parts; tout le monde s'était déguisé : on aurait dit le début d'une année nouvelle. Bernard Saint-Paul, heureux lui aussi m'autorisa même à monter sur scène pour prendre une photo. Malheureusement, tout a une fin et Véronique descendit de la scène dans les bras de deux musiciens. Nous étions tous heureux et comblés. Véro me consacra encore un petit moment après le spectacle, s'excusant d'avoir été si fatiguée la dernière fois à Metz !
- "Quel age as-tu ?", me demanda-t-elle.
- "14 ans"
- "Ah la la !  C'est pas permis d'avoir 14 ans à notre époque !"
Puis elle me signa un autographe très sincère, dernier souvenir d'elle ! ...
Véronique, je pense, je la rêve, je l'imagine, non pas comme j'aimerais qu'elle soit, comme elle est, c'est-à-dire une petite femme pleine de tendresse, d'une grande personnalité mais au coeur très vulnérable.
Ludovique Garotin, Vandoeuvre les Nancy

Mille remerciements à Madame Sanson, Laurent, Claude Wild, Katia, Tony Lennon, Bernard Swell et bien sûr à ... Véronique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Revised: May 18, 2005.