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Éditorial
Les années 80 vont bien à Véronique.
Et 1981 aura été tout particulièrement une grande
année... Tout d'abord grâce à ce merveilleux album qui a
supplanté dans bon nombre de vos coeurs les Maudit et autre 7ème
aux sillons élargis par le temps...puis, et surtout, grâce à
la tournée. Voir Véronique sur scène, c'est
un privilège rare (écrit Claude Wild), c'est vrai mais c'est
aussi une occasion unique de vivre quelque chose avec elle. Lors
d'un concert, sa musique - telle un courant électrique - pass entre
chaque personne et unit le public tout entier aux musiciens sur la scène.
(Vous trouverez au centre de ce numéro, les feuilles "Puisque c'est
vous qui le dites..." réunissant vos avis sur cet événement).
Parlons réabonnement... les espaces
entre chaque parution de nouveaux numéros prennants de telles proportions,
aurez-vous envie de vous deassaisir de 40F? Si oui, grâce à
cette fortune, vous recvrez les no.7 à 10 inclus avec, en suppléments,
les fameuses "Lettres d'Harmonies".. À ce propos, aurez-vous l'amabilité
de joindre à votre chèque, 4 enveloppes timbrées ?
Car certains se plaignent - à raion - de ne pas être tenus
au courant à temps des passages téléradio ou presse
et ceci nous facilitera la lourde tache des envois "en masse".
Il ne nous reste plus qu'à patienter
jusqu'à la sortie de l'album U.S. D'ici-là bien sûr,
des lettres dès qu'on a la plus infime info sur ce qui se prépare
outre-atlantique.
A bientôt, Laurent.
P.S. Avec ce numéro, vous trouverez
un mini-sondage. SVP d'y répondre, merci de le renvoyer en
mentionnant "sondage" quelque part sur l'enveloppe.
Huitième
WEA a remis un disque d'or et un trophée
spécial à Véronique fin mai sur la scène du
Palais des Sports pour avoir vendu plus d'un million d'exemplaires de "Laisse
la vivre". Voici donc 6 lettres choisies parmi l'important courrier
reçu concernant ce huitième album.
Juste un mot sur "Jaime Magdaleno de Barcelona"
dont le thème est autobiographique. Voici les faits: Jaime
était un ami d'enfance de Véronique et de Violaine lorsqu'elles
passaient leurs vacances en Espagne, à Caldetas (avec Annie Duperey
et François Bernheim entre autres).. C'était un garçon
très sportif mais très casse-cou. Il y a 3 ans, en
Espagne, Jaime devait rejoindre Véro et sa famille à Caldetas
lorsqu'on l'a ramassé sur la route, mort dans un accident de moto. Véro a immédiatement composé un morceau au piano qu'elle
a longtemps laissé sans textes... jusqu'à cette année.
Dans un film sur Véronique tourné
en 78 (et que la télévision française n'a jamais acheté),
on la voyait fredonnant cet air sur la balançoire du parc de la
maison d'Orgeval.
Lettre #1
Un soir endormi, j'allume la radio, il est
quatre heures. Je me sens seul et je tombe sur "Doux dedans". Déclic, délire, désir.
Quatre jours à
emmerder mon disquaire. "Non, toujours pas, c'est pour bientôt"
et un matin, sortant une pochette mauve d'un carton, je le vois qui vient
vers moi avec un grand sourire complice. "Je l'ai écouté",
il est très chouette, plus "rock", mon fils n'arrête pas de
l'écouter depuis ce matin".
Première fois, première plage,
mais... on ne dirait pas du Sanson, ho ! Si, hum ! Monsieur Dupont chanté
par Madame Sanson. Voix douce et forte, bien sûre. Forte,
comme j'aime. "Doux dehors, fou dedans", intro à la Doors,
mélodie et tout à la Sanson, guitare Swell. Je ne vais
pas tout énumérer, tu le connais. Il est vraiment très
beau, c'est un véritable disque; le petit Bernard semble s'y amuser. Est-ce que son rire à la fin de "Jaime Magdaleno" ? Plein
de plaisanteries et d'allusions entre les morceaux, tous aussi forts et
prenants.
"Laisse-la vivire", ça me gêne
un peu sur la pochette, drôle de titre pour un album... pourquoi
pas : le monde est fou, ou je ne sais quoi, mais sur le monde extérieur,
sur les gens comme "Santa Monica", "Monsieur Dupont"...
Hum ! J'écoute "L'Amour qui bat".
Prodigieux, les arrangements, sa voix comme3 au temps d'Amoureuse.
Elle semble l'être vraiment. Pas de chansons comme "Véronique",
"Redoutable", "Toute une vie sans te voir", "Ma Révérence"...
pas de miroir, des yeux... Alors, pourquoi "Laisse-la vivre" ? J'aurais
bien aimé un morceau instrumental...
Luc Troyes.
Lettre #2
Musicalement, il est excellent, les accompagnements
sont sobres : un accordéon, le piano, une basse, ce qui permet à
Véronique de jouer de sa voix à merveille. C'est également
un disque très intéressant dans la mesure où Véronique
aborde des problèmes de la vie quotidienne : la solitude de Mr Dupont,
la condition d'une femme mariée qui revendique sa part de liberté
dans "Laisse la vivre"... Mes préférences se portent sur
ces deux chansons en particulier, ainsi que sur "Doux dehors" où
l'on retrouve vraiment la Véronique d'antan. Également dans
"L'amour qui bat" qui est une chanson très poignante. J'ai
beaucoup apprécié aussi dans cet album le remaniement de
"Je serai là" et la superbe intro de "Dupont". Mais malgré
tout cela, je trouve qu'il manque tout de même quelque chose,
une petite retouche dans certaines chansons, peut-être, enfin je
ne sais pas trop - Impression que j'ai eu également en écoutant
le 7ème.
Janique (Colmar)
Lettre #3
Mon petit disque mauve...
J'avais un petit bleu. Bleu comme le vertige,
pâle comme la tristesse et la mélancolie. Six titres
évoquaient la solitude, tandis que trois autres chansons étaient
plus entraînantes mais où la gaîté sonnait faux. Ce
petit disque s'est laissé écouter pendant plus d'un an...
Et puis comme un fruit sauvage, il a mûri
sous le soleil de Santa Monica. Notre chanteuse au sourire vermeil
s'est subitement intéressée à son entourage et, plus simplement,
à la vie ("Monsieur Dupont", "Laisse la vivre", "Santa Monica",
"Les choses qu'on dit aux vieux amis"), tout en conservant cet irremplaçable
tempo brésilien qu'elle a dans la peau.
Mais comme ces chansons gaies ne seraient
pour elle qu'une "autre façon de pleurer", elle a sincèrement
avoué a Radio 7 qu'elle ne voyait aucun intérêt à
écrire des chansons pour dire qu'elle est heureuse. La perte
d'un ami (Jaime Magdaleno), un amour envolé, c'est ce qui motive
Véronique pour composer des paroles et des musiques qui, malgré
leur tristesse, sont ses plus beaux joyaux. Peut-être a-t-elle
essayé de donner un complément à "J'ai perdu ton adresse"
en annonçant, avec les trompettes de Steve Madaio et Cary Grant,
ainsi que les saxos ténors de Jim Coile et Jérôme Jumonville,
"Fais attention à mon amour". Deux chansons où elle
perd un peu la tête et où elle court "comme une folle" au-delà
du temps et "sans souci des assassins" à la recherche d'un amour perdu. Elle a peur de l'avenir, le comparant à un serpent,
un aimant ou un sable mouvant qui l'attirent lentement. Mais, son
passé reste là. Indestructible, ancré à
ses pensées et c'est au milieu des violons que "Je serai là"
et "L'Amour qui bat" se fraient un chemin dans les méandres de sa
vie.
Mon petit disque mauve est donc une sorte
de symbole de la Maturité. J'avais eu peur qu'elle soit trop
influencée par Bernard Swell ou qu'elle ne retombe dans la cacophonie d'
"Hollywood". Ce ne sont que des chansons qui vous caressent les
pensées pour quelquefois vous donner envie de danser. On croyait
Véronique perdue dans son passé, elle est venue elle-même
nous rassurer. Un petit disque mauve frais et sucré comme
les mûres des bois, ce n'est pas à négliger... Merci,
Véronique.
Ludovique (Nancy).
Lettre #4
"Laisse la vivre", je l'ai trouvé
très "subtil" : la voix surtout, étonnante, très belle,
on dirait que Véronique a voulu faire une petite démonstration
de l'éventail de ses possibilités. Je pense en particulier
à "L'Amour qui bat", "Fais attention à mon amour". La musique, je la qualifierais de précise, peut-être plus
légère que d'habitude, si fine par endroits, comme de la
dentelle, et là encore variée : presque classique ("L'Amour
qui bat"), très jazz-rythm'n blues ("Doux dehors, fous dedans"),
inattendue ("Jaime Magdaleno").... Une chose m'a frappé plus
particulièrement dans ce disque : il y règne - me semble-t-il
- une sorte d'exotisme mystérieux, remplie de magie, de folie, quelque
chose d'envoûtant. Véronique nous a déjà
habitué à cela, à cet exotisme, ce dépaysement
total et si parfait qu'il est sans doute plus total et si parfait qu'il
est sans doute plus du domaine du Rêve que du domaine du Réel
: une sorte d'exotisme de l'âme. Mais là, tout est teinté
de magie: l'étrangeté, la nouveauté, la différence
des paysages est moins important que celle des gens, de leur comportement
magique. Je ne peux m'empêcher d'être frappé par
la magie terrible et terrifiante de la dernière chanson: "Une force
éteinte qui prend son vol dans l'au-delà", ou bien un autre
passage, "et leur esprit" s'en va souvent aux quatre coins d'un monde étourdissant"..
Cela pourrait ressembler à certaines histoires indiennes, mais seule
Véro connaît la réponse.
Pendant que je suis lancée, je vais
tout de suite te dire ce qui me trouble le plus chez Véronique,
c'est ce fameux thème du Maudit. Partout, sous différentes
facettes, Véro nous le décrit et j'ai ainsi recensé
de nombreux passages. Tantôt il s'agit d'un homme: Le Maudit,
Louis, Maso... tantôt c'est elle qui est maudite: Bouddha, Redoutable,
Doux dehors... Elle, lui... n'est-ce pas la même personne ?
En cela Véronique se rattache, pour
moi, à un courant romantique ou post-romantique, français
ou allemand : Hugo ("Je suis une force qui va"), Heim (La Lorelei), Rimbaud,
Verlaine (Le thème de l'eau et de la nuit).. Il y a aussi cet
autre thème, très précis : quelqu'un qui fuit dans
une ville, thème que je considère comme parallèle
au Maudit. Et je pense au film de Fritz Lang, qui s'appelle justement
"M. le Maudit" où un homme fuit la nuit dans une ville portant sur
lui la trace de son infamie.
J'ai été également bouleversée
par une carte de Véro reproduite dans le No.4 d'Harmonies, carte
postale de Neuschwanstein, fief de Louis II de Bavière, le roi maudit,
le héros romantique par excellence. Mais peut-être tout
cela n'est-il que coincidences, le fruit de mes divagations et de rapprochements
incongrus. La signification de tout ceci est peut-être autre...
Peut-être est-il vain d'en chercher une...
Anne-Marie (Nantes la Jolie)
Lettre #5
Ca y'est ! Je l'ai depuis samedi 18 Avril,
12h45, le nouvel album. Je l'ai écouté, re-écouté
(normal) enregistré, re-re-écouté, j'ai ressorti le
Maudit, je suis revenus 7 ans en arrière et je me suis dit : "Alors
là, c'est la claque, le coup de coeur qui donne de la taticardie,
Véronique a frappé fort, très fort. "Car non
seulement il est (pratiquement) aussi bien conçu que le "Maudit",
mais en plus les textes y sont plus forts, elle a acquis une maturité
dans l'écriture qui me fait réellement plaisir. Je
ne veux pas faire un tiercé des morceaux, car j'en suis franchement
incapable, mais je dois dire j'en suis franchement incapable, mais je dois
dire que les arrangements sont vraiment impeccables. Elle est vraiment
entourée de bons musiciens. De toute façon, ce disque
me fait trop plaisir pour que je puisse en parler correctement et je citerai
une phrase de Michel Jonasz qui disait - justement au sujet de Véronique
: "lorsque j'aime quelqu'un, je ne peux pas en parler".. Mais je ne
pourrais pas arrêter là sans dire que la minute 28 de la face
B est merveilleuse.
Christine (Levallois).
Lettre #6
"Monsieur Dupont". Le choc. Frissons. Et puis, comme une réticence, une difficulté à renter
dans ce disque, bien moins immédiat que le 7ème, disque-bilan
lucide et serein dont la profonde unité, mots et musiques, ne
m'apparaît qu'après plusieurs écoutes. Regrets, tristesses, espoirs
et désespoirs qui forment une vie. Pas la mienne. Voyeur?
Un disque où l'on entre si l'on en a compris le sésame. Pas d'effraction possible, pas de tube, pas d'identification non
plus. Véronique parle et c'est plus beau que jamais, sur une musique qui
sonne comme jamais, qui envoûte et qui devient évidente au
fil des écoutes. "Santa Monica", "L'Amour qui bat"...
Évidence des arrangements qui fond souvent
penser à Kate Bush, évidences de violons presque sautillants
de "Je serai là" qui prennent une dimension tragique, évidence
de cette musique chaude, d'été et de carnaval. Et petit
à petit, chaque morceau s'impose, même "Laisse-la vivire"
que je n'aimais pas, pour former non un collage hétéroclite
de chansons, mais l'album le mieux conçu que Véronique ait
jamais enregistré.
Thierry (Paris) |
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