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The Famous
Roche Martin
François Bernheim est quelqu'un
d'ordonné. En dix minutes, il remet la main sur une biographie des
Roche Martin, vous exhibe l'affiche de la "Nuit des polios à Garches"
où le nom du groupe apparait tout en bas, sort d'un tiroir des photos de l'époque,
un montage où l'on voit Violaine, les yeux baissés, songeuse, François à
la guitare, très souriant et Véronique, chantant, une guitare sur ses genoux.
(Hélas, ces photos étaient trop sombres pour être reproduites ici).. Et pourtant, François est nouvellement installé dans ce bel appartement du 7ème
arrondissement où s'amoncellent papiers, disques et bandes dans un semi-désordre
apparent.
Il est assis en face de moi. Physique de play-boy; le cheveu blond bouclé, l'oeil bleu, le teint mat (il
rentre de vacances écourtées à Rome). Il a plusieurs projets-cinéma.
Demain, il part pour Baden-baden, tourner quelques scènes de l' "Edith
et Marcel" de Lelouch. Puis, il tournera avec Serrault et Adjani
(qui l'assassinera en voiture...).. Côté vinyle, il travaille sur un
nouvel album, alors que le dernier "J'me sens mieux" est sorti il y
a 6 mois.
Il ne fait aucune difficulté à se
remémorer sa rencontre avec Véronique :
- C'était en Espagne, à Caldetas. Nous étions voisins
d'hôtel. On se retrouvait sur la plage, Véro,
Violaine et moi. On devait avoir 12 / 15 ans. J'avais déjà écrit
4 / 5 chansons et vaincu ma pudeur pour les leur chanter.
- Comment es-tu venu à la musique ?
- Très jeune, j'ai été gravement
malade, je suis resté un an au lit et mes parents m'avaient offert une
guitare... On avait donc commencé à orchestrer mes chansons sur place. Véro et Violaine sont deux sœurs très liées et surtout très
musiciennes. Elles trouvaient des voix. Leurs parents aussi sont très
musiciens. Ils chantaient des onomatopées à la façon des Singles Swingers.
On s'est revu à Paris. Colette (Madame Sanson) organisait des goûters et nous demandait de
chanter. "Allez, les enfants, jouez". On avait 5 / 6 chansons au
point. Et un jour, sans nous prévenir, elle avait invité Alain Dericou (secrétaire
général des éditions Pathé).. Il a écouté et a été séduit par ce
qu'on faisait; Il nous a proposé de faire une maquette...
On est arrivé tous les trois, tout tremblant au studio. Et nos directeurs artistiques étaient
Claude-Michel Schoenberg et Michel
Berger. On a fait deux simples, qui
n'ont disons pas battu tous les records de vente...
C'est alors que nos destinées se
sont séparées: Véro est partie avec Michel et a fait son premier album. Et moi, j'ai signé chez Barclay, où j'ai fait tout un tas de choses: J'ai
produit les Poppys, j'ai créé toutes leurs chansons, j'ai créé "le
jour se lève" d'Esther Galil, j'ai produit Juvet à ses débuts. On écrivait ensemble et je réalisais ses
disques. Pendant un an, j'ai
été le directeur artistique de Bardot. Puis, j'ai quitté Barclay. J'ai travaillé avec Lenorman, Roussos, Dick
Rivers. J'ai produit Renaud
(j'ai fait la musique de la "bande de jeunes") et j'ai participé à
la "création" de Sheller. Mais, par pudeur ou par manque de
confiance en moi, je prenais la plupart du temps un pseudonyme.
- Parlons de ta carrière à toi...
- En 1974, j'ai fait mon premier
album, "la maison de l'ours" dont Sheller a signé les arrangements
(la chanson qui a marché s'appelait "j'ai de bonnes raisons"). Puis, en 1976, j'ai fait "L'aéroplane".
En 1978, j'ai eu une
chanson qui a bien marché, "des mots", et en 1979, au studio
Trident, à Londres, j'ai enregistré chez Phonogram "Back to
Paris". Si Véronique a trouvé tout de suite son chemin, moi j'ai
trouvé après 12 ans de recherches.
En 1979 - 1980, j'ai produit des
groupes aux États-Unis et depuis 2 ans, je ne produis plus rien. J'ai
fait du théâtre avec les Depardieu (j'ai aussi écrit un album pour
Elisabeth) et j'ai signé en mai 1981 un simple, chez Polydor "très peu
d'age mental".
- Tu écoutes quel genre de musique
?
- À peu près tout. Bashung,
Higelin, Tom Waits, Kate Bush, Balavoine, Téléphone ou Barbara en vrac.
- Je reviens aux Roche Martin, vous
avez fait des galas ?
- Oui, le premier, c'était à l'hôpital
de Garches, donc 300 ou 400 tables. Des gens allongés...
Le second, c'était à la mairie du
13ème où le père de Véro était député. Et le troisième, c'était
à la télé, en direct. Véro ne pouvait vraiment pas rentrer sur scène. Il fallait la pousser.
Véro et Violaine, ce sont des gens
qui ont vraiment compté pour moi, des gens qui marquent dans la vie. Leurs parents, c'est la même
chose. Je vivais pratiquement chez eux. On allait souvent en vacances ensemble.
Colette est quelqu'un que j'adore. Elle est redoutablement intelligente.
En annexe à cette interview, je
ne résiste pas au plaisir de vous faire lire la biographie de chez Pathé, un
modèle du genre. Un grand merci à François pour l'avoir conservée,
et pour l'avoir prêtée:
Flash sur les Roche Martin:
Véronique a 18 ans, Violaine sa sœur
20 et leur grand ami François Bernheim 20 également. Il y a 5
ans qu'ils se connaissent mais un an seulement qu'ils ont décidé de "monter
un trio vocal". Tout a commencé en 1962 en Espagne sur la Costa
Brava tant connue, sur l'une des plages ensoleillées, autour d'un feu des
sarments sur lequel grillent les fameuses petites "sardines", et
autour duquel on chante en s'accompagnant à la guitare. A moins que ce
ne soit tard la nuit à la clarté des photophores alors qu'on déguste la
fameuse sangria nationale.
Quelques années sont passées,
d'autres vacances ont permis de se retrouver et de toujours chanter.
Mais depuis l'été dernier, les
choses ont pris une tournure plus sérieuse, et bien que Véronique, Violaine
et François poursuivent de sérieuses études de droit et de philosophie à
Paris, ils se lancent à leur tour aujourd'hui avec foi et grand espoir dans
le grand bain si tentant de la chanson.
Les voix sont belles, la diction
excellente et le choix des chansons bien dans le vent jeune qui souffle en ce
moment. Les physiques vont de pair avec les voix d'ailleurs, Violaine et
Véronique sont très jolies et portent leurs peu nombreux printemps avec grâce
et piquant. François, lui semble être un grand charmeur.
Voici le premier 45 tours des Roche
Martin (aucune explication à donner à ce pseudonyme choisi par eux... ce
serait, parait-il, le nom d'un petit hameau cevennol depuis longtemps oublié)
dont ils sont les auteurs-compositeurs et bien entendu les interprêtes.
Un disque plein de souriante
promesse |
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