Harmonies

(Number 8 Part 10)


  . Véro sur Radio 7 (Interview ...suite)

Q) Tu veux toujours faire des petits bouts de chansons dans tes albums ?

Véro) Ah oui, j'aime bien les petits bouts de chansons. J'en mets toujours un ou deux parce que je trouve que les musiques qui ne sont pas développées sont quelquefois très fortes. C'est simplement un thème qui n'est pas développé. Je trouve que c'est intéressant.

Q) Tu as l'impression d'écrire des chansons en couleurs ou en noir et blanc ?

Véro) ... (dit dans un sourire) Je ne me suis jamais posé la question. Je ne sais pas. Ce n'est pourtant pas gai mais je n'ai pas trop l'impression que ce soit en noir et blanc, et Dieu sait si ce n'est pas très gai. Il y a plein de gens qui me disent : "Quand ça ne va pas, j'écoute tes disques" et je ne comprends pas parce que c'est vraiment une horreur quelquefois. Je me dis : "comment peut-on aller mieux quand on écoute ça ?" (rires).

Q) On ne va peut-être pas mieux, mais on peut se dire qu'au moins, on n'est pas tout seul...

Véro) Ah oui, ça c'est vrai... 

["Ma Révérence" Live 81. Solitude-angoisse au piano] 

Q) N'as-tu pas peur que ta sincérité soit prise uniquement pour de la subjectivité et qu'on dise que tu es quelqu'un qui a du culot d'aller se raconter ?

Véro) Je suis sûre qu'il y a des gens qui pensent ça, mais pour moi, c'est une sortie d'exorcisme. Et je trouve que c'est bien de dire des choses parce que les gens n'arrivent jamais à dire ce qu'ils ressentent vraiment. C'est un prétexte pour écrire joliment ce qui est moche et pas marrant et en faire finalement quelque chose de banal.

Q) Il y a un truc qui m'a toujours agacé dans tes concerts, c'est quand tu chantes "Étrange Comédie", il y a une phrase qui fait applaudir tous les gens, alors que ce n'est pas la phrase la plus importante de la chanson, c'est quand tu dis "cocaïne" et tout le monde applaudit...

Véro) Ah oui, je sais. Ca depend des villes d'ailleurs (rires), il y a des villes où c'est "rrooorrr" (rires) et d'autres où il y a un silence encore pire qu'avant ce mot, c'est vrai.

Q) Je me dis souvent "c'est aimer une chanson pour une mauvaise raison"

Véro) Oui, c'est vrai. Je ne crois pas que ce soit parce qu'ils aiment cette chanson mais parce qu'ils veulent peut-être prouver qu'ils sont libérés ou que ça ne leur fait pas peur, quelque chose comme ça.

Q) Est-ce que tu changes systématiquement de musiciens ou bien parfois tu changes parce qu'ils ne sont pas tous libres au même moment?

Véro) Quelquefois, c'est une bonne raison et puis, c'est bien aussi de changer de musiciens de temps en temps sauf quand on en a trouvé de formidables, qui non seulement sont de bons musiciens mais qui sont humainement des gens avec qui on peut vivre parce que quand on fait des tournées, par exemple, on est sur le dos les uns des autres tous les jours, alors il ne faut pas que ce soit des crétins ou des gens agressifs, tout le temps de mauvais poil. Il faut des gens de bonne composition et qui soient aussi bien sûr de bons musiciens. Et là, j'ai trouvé un groupe formidable avec qui je vais d'ailleurs repartir cette année. Je suis très contente d'eux parce qu'ils sont très... (Véro a le mot anglais mais ne trouve pas l'équivalent français)... disponibles, voilà. Ils ne sont jamais à dire (accent agressif) "Non, on n'a pas besoin de faire ça, on l'a déjà fait", ils disent "Oui, il faut refaire ça, on le refait". Et puis, ils adorent la France. Ils sont comme des fous d'aller en France. Chaque fois que la tournée est finie, ils restent trois semaines simplement pour voyager, pour voir la France. Quand on est en tournée, on se lève tôt, je les emmène déjeuner dans les vieilles villes... Ce sont des gens adorables. 

["Vancouver" version-studio 76. "Aller de ville en ville, ça je l'ai bien connu".]

Q) Quand tu as démarré ta carrière, tu pensais au côté tournée ?

Véro) Oh pas du tout, c'était horrible (rires).

Q) Parce que je me dis "si on y pense, comment a-t-on le courage de le faire ?"

Véro) On m'a forcé à le faire. On m'a dit "est-ce que tu voudras faire de la scène ?" et j'ai dit "Jamais !" et je me souviens qu'Hugues Aufray, qui était chez WEA à l'époque, m'a dit : "mais t'es complètement folle, il faut absolument faire de la scène, d'ailleurs, il faut commencer par faire du cabaret" (rires) et il a dit à Bernard Debosson - qui est le président de ma maison de disques - il faut absolument que tu lui fasses faire... la Tour Eiffel (rires).

Q) Et je me rappelle que tu l'as fait, en plus !

Véro) Et oui, je l'ai fait. J'ai eu beau dire "mais non, mais non", je me suis retrouvée un mois à la Tour Eiffel, jouant tous les soirs devant un public de japonais. Il y avaient des cars de gens qui venaient, pas du tout pour écouter ça, qui venaient pour la Tour Eiffel, et qui ne comprenaient pas un mot de français.

Q) Comment fait-on pour ne pas expédier les chansons en deux minutes et demi ?

Véro) Tu sais, je ne chantais pas beaucoup de chansons. J'étais en première partie de Guy Mardel. J'étais entre deux prestidigitateurs et devais faire quatre chansons.

Q) Et tu ne te sentais pas humiliée d'être prise en sandwich ?

Véro) C'était épouvantable, mais pas pour ça. J'étais humiliée par les bruits de fourchettes, par les garçons qui vous passaient sous le nez avec des plats. Je me disais "mais, qu'est-ce que je fais là ?", et finalement, c'est vrai qu'il avait quand même un peu raison ce bon Hugues, ça apprend quand même beaucoup. Après - qu'est-ce que j'ai fait ? - je suis partie en tournée avec Julien, Pierre Vassiliu et Yvan Dautin. Ça a été une tournée mémorable, un souvenir extraordinaire parce que c'était une longue tournée, c'était encore l'époque où il y avait des visuels. Et après, j'ai fait la première partie de Claude François et pour moi, c'est devenu beaucoup plus naturel et j'ai commencé à vraiment aimer ça.

 

 

 

 

 

 

 

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Revised: July 01, 2002.