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Radio : Véro
joue et gagne
Tout le monde ne capte pas "Fréquence
Nord". Fort de cette vérité et grâce à la complicité d'un jeune
auditeur d'Arras (qui a eu la gentillesse d'envoyer une cassette), Harmonies
est à même de vous présenter le jeu auquel s'est livrée Véronique lors
d'une interview diffusée sous la forme d'un feuilleton à raison d'un quart
d'heure par jour pendant trois jours sur les ondes de "Fréquence Nord",
donc. L'émission, présentée par deux animateurs très faèon
Dupond-Dupond (l'un répétant chaque phrase de l'autre avec d'autres ternes)
propses un "blindfold test" dont le principe est le suivant: Véronique,
les oreilles sous le casque d'un Walkman doit identifier et juger les titres
qu'elle entend:
Premier titre: "Amoureuse"
Kidi Dee.
Véronique: "C'est la seule
version de cette chanson que j'aime bien".
Second titre: une ballade au piano
de Randy Meisner (des Eagles).
Véro : "C'est bien, c'est
parfait, mais pour moi, ce sont des gens calculateurs et froids. J'ai
leurs disques et je suis allée les voir, mais je n'ai pas été séduite du
tout, quoique je l'ai été par la qualité de leur production. Ils ont
des chansons en béton, mais mon coeur ne suit pas. Ils calculent leurs
musiques, leurs textes qui sont le fruit d'études de marché. J'ai lu
des interviews qu'ils ont données à "Rolling Stone" et je suis
tombée par terre, étant à mille lieux de penser ça. Ils sont très
malins parce que ça marche bien, mais pour moi, ce n'est pas une façon de
faire de la musique".
Titre numéro trois : une chanson de
Louis Deprestige, "Le Monde n'est pas rock".
Véro : "Ah, ça, je trouve ça
formidable, c'est Louis Deprestige. C'est vrai que le monde n'est pas
rock du tout. C'est à nous de faire qu'en France, les choses changent. Pour faire la comparaison, en Amérique, les gens de cinquante ans trouvent
que le rock, c'est très bien. En France, être un artiste (de rock ou
d'autre chose) ne représente pas un véritable métier. Lorsqu'on dit
"je fais de la musique", on s'entend toujours répondre "Oui,
mais à part ça ?". Sur ce point-là, on a au moins cinquante ans
de retard sur l'Amérique".
Quatrième titre: une chanson d'Hervé
Christiani.
Véro : (à l'écoute de l'intro)
"Ce n'est pas Dire Straits ?"... Ah non... Hervé Christiani ? Le
Plagiat est plutôt flagrant. On peut s'inspirer de certaines mélodies,
mais de là à calquer note pour note..
Voulez-vous que je vous raconte une
histoire ?
Quand j'ai commencé chez Pathé-Marconi,
j'étais toute petite et j'ai fait un 45 t qui est très beau (ceci dit dans
prétention) et, un jour, je fais écouter la bande à une ami qui me dit
"Ah, tu as fait une reprise de Donovan"; je lui réponds "Mais
non pas du tout" et je vais chez elle où elle me met "Sunny Goodge
street" de Donovan. C'était exactement la même chose. J'ai
appelé l'éditeur parce que je ne voulais pas avoir trente-six procès sur le
dos, et j'ai été obligée de rajouter "adaptation de la chanson de
Donovan", alors que je ne l'avais jamais entendue dans ma vie.
Je fais attention à ne pas piquer
les sons des autres, à ne pas être en admiration devant des gens au point
que cela devienne au mimétisme."
Cinquième titre: "Stepping
out", Joe Jackson.
Véro: "C'est le charmant Joe
Jackson. Je trouve ça bien. Je ne connais pas très bien sa production. J'ai eu un disque à la maison, que j'ai achêté en
Amérique. Pour moi, c'était celui qui ressortait le plus sur la mer de choses banales
et endormantes façon west-coast. Je me dis qu'il a une conception de la
musique et des sons nettement au-dessus de ce que l'on entendait à ce moment-là".
L'interview se termine sur une
question qui amène une réponse un peu inattendue de la part de Véronique:
- Avez-vous un projet qui vous tient
à coeur, un rêve que vous aimeriez réaliser ?
- J'aimerai un jour faire un disque
avec toutes les chansons que j'aurais aimé composer, des chefs-d'oeuvre comme
certains titres des Beatles, les chansons que Feliciano a écrites au début
et qu'il chantait seule à la guitare et des chansons de Gerschwin aussi. |
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