Véro in 1972
(From "Salut Les Copains", May 1972)

 

Nous avions rendez-vous à 5h. Il est déjà 5h45, et toujours pas de Véronique Sanson. De toute façon, les "bonnes" langues du métier m'ont déjà prévenu: elle est toujours en retard à ses rendez-vous, arrive crevée et pas coiffée aux séances de photos, etc.

Cette interview s'annonce vraiment comme une galère. Je sens que je vais détester le personnage autant que j'adore son 33t. Tout en l'attendant, je remets ce petit chef-d'oeuvre sur le plateau de la chaîne hi-fi de "S.L.C.". Vous connaissez, je suppose? "Amoureuse", "Pour qui", "Besoin de personne", rien que des chansons de grande classe. Et puis cette voix qui se balade dans les aigus et use des trémolos avec une facilité étonnante. Le tout forme un ensemble irréel qu'on se surprend à écouter les yeux fermés, détendu. Quand les dernières notes s'éteignent, j'ai déjà à moitié pardonné son retard à Véronique. C'est le moment qu'elle choisit pour faire son entrée. Avez vous remarqué comme l'expression "bonjour" ne veut rien dire pour la plupart des gens? Dans la bouche de Véronique, elle reprend tout son sens. Cela veut dire: "Je vous souhaite une bonne journée", ce que confirme l'éclat de ses grands yeux marron et la gentillesse de son sourire. En dix secondes je suis conquis.

Tous mes préjugés stupides se sont envolés et j'ai déjà envie de mieux connaître le personnage, de m'en faire une amie. A peine installés, quelques minutes plus tard, devant un demi de bière je la presse de questions. D'abord des points de détail simples comme sa date de naissance ou son signe astrologique. Les réponses devraient fuser rapides, automatiques. Mais il n'en est rien. Véronique calcule pour retrouver sa date de naissance, ignore complètement son signe astrologique, commente quelque chose, explique, raconte. Avant même d'avoir commencé mon interview proprement dite, je sais qu'elle adore le ski et descend n'importe quelle piste comme un kamikase, qu'elle nage le crawl très, très vite et considère l'eau comme son second élément et qu'elle déteste la mode des petites blouses " dans lesquelles toutes les filles ont l'air d'être enceintes de six mois ". Tandis qu'elle parle, je regarde ses mains s'agiter. Elles ponctuent chaque mot, se contractent pour affirmer, s'étendent pour interroger, décrivent des moulinets dans les airs avant de s'abattre sur le paquet de gitanes et le briquet. C'est éloquent des mains. Cela trahit la nervosité, la froideur, ou l'exagération. Celles de Véronique traduisent l'équilibre, le sens de la mesure, la recherche du contact. D'où vient donc cette petite bonne femme étonnante ? Quelle est son histoire ? Sa vie ? Je le lui demande, prêt à noter une longue biographie, mais sa réponse surprenante laisse mon marker en suspens : 
- Je peux te raconter ce qu'on m'a dit sur mon enfance, mais personnellement, je ne me souviens de rien. J'ai eu une méningite, il y a sept ans, et je n'ai aucun souvenir de la période précédente de ma vie. Je n'ai pas tout oublié, mais j'ai de grands trous noirs dans lesquels je ne parviens pas à recréer d'images. En revanche, certaines sensations sont rattachées à cette enfance sans que je puisse expliquer pourquoi. Aujourd'hui, des odeurs ou des images me bouleversent sans que je puisse les associer à un souvenir précis. Par exemple, les bagues en toc me fascinent. Qu'est-ce que cela veut dire ? Je n'en sais rien.
Ainsi, Véronique Sanson n'a pas de passé. Cas exceptionnel, extraordinaire comme un conte de fées. Pourtant, cette situation n'étonne pas (ou n'étonne plus) Véronique. Elle sait que les souvenirs de sa jeunesse doivent autant aux récits des proches qu'à la mémoire. Alors, ses souvenirs, elle les a recréés un à un, d'après ce qu'on lui a raconté :
- Je crois pouvoir dire que j'ai eu une enfance heureuse. Entre un père avocat, député et sportif, une mère merveilleuse et une sœur plus vieille et plus folle que moi, j'ai eu une jeunesse fantastique. Le seule point noir, c'est que je détestais l'école.
- Et puis il y a cet accident, cette stupide maladie qui vient tout bouleverser.
Je sortais du cinéma en plein air à Monte-Carlo, quand j'ai entendu une formidable explosion. Sur le moment, j'ai cru à un attentat puis j'ai compris que ça se passait dans ma tête et, tout doucement, je suis tombé dans le coma. Mon père qui croyait à une comédie n'a d'abord pas voulu admettre que j'étais sérieusement malade et a décidé de me ramener lui-même à Paris. Malheureusement, c'était l'année des grandes inondations et nous sommes arrivés trois jours plus tard. J'étais déjà toute raide. Je te passerai les détails des soins et de mes quinze jours d'hôpital. Et puis, un matin, je me suis réveillée en pleine forme et je me suis levée. Deux mois de convalescence là-dessus, et il n'y paraissait plus. Le seul ennui, c'est quand mes parents ou mes amis évoquaient dans une discussion un souvenir commun en l'accompagnant de l'habituelle phrase : " Tu te souviens ? " Là j'ai bien été obligée de constater que je ne me souvenais pas du tout. Alors, je me faisais raconter. Ce n'est pas plus difficile que ça.
- Mais tu n'avais pas oublié tes cours de piano et tes leçons de solfège, je suppose ?
- Si, pour la bonne raison que je n'en ai jamais pris. Quand nous étions toutes petites, ma sœur et moi, notre père nous a installées devant le piano et nous a appris à jouer les morceaux à la mode, des chansons. Comme je n'ai pas eu à subir l'ennui des gammes, j'ai tout de suite adoré ça et continué à pianoter pour le plaisir. Mais c'est surtout après ma méningite que j'ai découvert la musique. J'ai un peu délaissé le clavier pour la guitare sur laquelle j'inventais des chansons, des airs nouveaux. Je venais de découvrir des chanteurs comme Del Shannon ou les Beatles. Ca m'avait fait un choc terrible et je voulais écrire des chansons comme les leurs. Avec ma sœur et un vieil ami, François Bernheim, nous avons décidé de former un trio, les Roche-Martin. Comme un de nos copains travaillait chez Pathé, nous avons pu facilement enregistrer un premier disque. (Tiens, je me souviens même qu'à l'époque, c'est Benjamin qui nous avait fait notre pochette). Malheureusement, il n'est pas facile de chanter en poursuivant ses études. Ma sœur était étudiante, François faisait son droit ou quelque chose comme ça, et moi, je me trainais à la poursuite de mon bac. Alors, nous avons décidé de résilier notre contrat et d'arrêter. J'étais drôlement triste.
Oui, Véronique aimait bien les Roche-Martin. Même si ce n'était pas parfait, la naissance de ce groupe constituait son premier contrat avec le monde de la musique qui la fascine tant. Incontestablement, elle a attrapé le virus, et, de cette maladie-là, on ne guérit pas. Alors, elle s'accroche. Les amis qu'elle s'est fait chez Pathé ne l'oublient pas et lui demandent de composer des chansons pour Isabelle de Funès. Elle n'en demande pas plus. Tout ce qu'elle veut, c'est s'exprimer en musique. Dans sa maison de disques, on aime bien Véronique, et le directeur, un jour, dans l'ascenseur, lui demande pourquoi elle n'enregistre pas elle-même. Ce ne sont pas les chansons qui lui manquent, et, aussitôt ce feu vert accordé elle sort "Le Feu du ciel", un simple dans lequel elle a mis le paquet. 
Noyé dans la masse des productions nouvelles, le 45-t. de Véronique n'a pas le succès qu'elle espérait et découragée, elle refuse de continuer. Par chance, pour elle, c'est l'époque où elle rate son deuxième bac d'un point. C'est une catastrophe pour son père, mais elle se sent libre. Finies les études, vive la musique. Commence alors une longue période d'inactivité apparente. Véronique voit ses amis, découvre le monde qui l'entoure... et compose, compose. Au minimum trois heures chaque jour elle joue de la guitare ou du piano. Toutes les phrases musicales qui lui volent dans la tête, elle les arrête sur les touches de son instrument pour en faire autant de chansons originales. Mais ce moyen d'expression ne lui suffit pas. Il y en a d'autres et elle veut tous les essayer. Sans complexe, elle s'attaque alors à un travail gigantesque qui l'obsède depuis longtemps: la composition d'un concerto pour deux flûtes, deux clarinettes et orchestre. Comme elle ne sait pas transcrire la musique, elle s'assure la collaboration de deux amis musiciens qui notent sur le papier toutes les partitions qu'elle invente pour chaque instrument. Au total, sept mois de travail ininterrompu, dont le résultat (trois mouvements complets prêts à être joués) dort aujourd'hui dans un tiroir depuis le mois de juin de l'année dernière. Toutes ses royalties de chez Pathé y sont passées, mais Véronique est heureuse.
- Tu comprends, une oeuvre symphonique, c'est un fantastique moyen d'expression. Ton thème principal, tu le développes, tu le tortures, tu le presses comme un citron jusqu'à ce que tu en aies tout extrait. A la fin du morceau, tu as tout dit, tu es vidé, tu es heureux.
Il faut voir Véronique parler de la musique. Elle s'anime, elle s'enflamme, elle brûle. C'est une amoureuse passionnée qui décrit celui qu'elle aime. C'est évident, la musique, c'est l'oxygène de Véronique Sanson. Quand elle en manque, elle étouffe et quand elle en a aspiré une énorme bouffée, elle doit l'exprimer pour ne pas se brûler. Son concerto sera-t-il joué un jour? Véronique n'en doute pas. Ce n'est qu'une question d'argent. Mais l'essentiel était de l'écrire. Pour l'instant, elle a retrouvé cet autre moyen d'assouvir son amour de la musique: la chanson. Entrée chez Kinney-Filipacchi grâce à un ami d'enfance, Michel Berger, elle a attaqué directement par un disque fantastique. Des chansons en réserve, ce n'est pas ce qui lui manquait, aussi a-t-elle commencé par là où finissent les autres: un 30 cm. La séance d'enregistrement reste pour elle un merveilleux souvenir:
- Pour m'accompagner, j'avais avec moi les musiciens de l'ex-Système Crapoutchik. Ils étaient venus là comme à une séance ordinaire, simplement pour gagner un peu d'argent. Quand je me suis assise au piano (avec un trac fou), ils ont été un peu surpris que je connaisse la musique. Je faisais partie de leur monde et, visiblement, ils aimaient ça. Je leur ai dit: "Nous ne sommes pas là pour jouer mes chansons mais pour chanter ensemble. D'accord?" Et le reste de l'enregistrement n'a plus été qu'un boeuf gigantesque. Le premier jour, j'ai chanté pendant neuf heures et demi d'affilée. Nous n'avions pas vu le temps passer. Au total, l'enregistrement ne nous a pris que deux jours, tant nous nous entendions bien. La première prise d'une chanson était presque toujours la bonne. C'est vraiment comme ça que je conçois un enregistrement: en direct avec des musiciens qui en veulent. Je ne comprends pas comment les autres font pour enregistrer sur bande orchestre. Avec un casque sur la tête, je suis mal à l'aise, et j'ai l'impression de chanter trop fort. Tandis que, comme ça, j'ai chanté, heureuse, pendant deux jours. Je crois même que nous étions tous très tristes que ça soit déjà terminé.
Mais, pour Véronique, ce n'est pas une fin mais un vrai commencement. Malgré ses dons évidents, elle ne cède pas à la facilité et s'affirme prête à travailler pour bien faire ce métier. Son but: devenir une vedette. Non pas pour jouir d'un nom connu avec tous les avantages que cela apporte, mais pour bien se faire entendre. Ce qu'elle veut, c'est offrir au public les jolies chansons qui fourmillent dans sa tête. Et comme elle aura plus de chance d'être écoutée si elle a un nom... Alors, elle a attaqué le métier méthodiquement. D'abord, l'expérience de la scène. Pour se familiariser avec cette aventure angoissante, elle n'a pas choisi le chemin le plus facile: elle a décidé de chanter au cabaret de la tour Eiffel. Qui pourrait imaginer, pour une jeune débutante, un terrain d'essai plus difficile que cette scène minuscule, face à un public de touristes venus là plus pour goûter la célèbre cuisine française que pour écouter des chansons? Mais Véronique est très satisfaite de cette première tentative:
- Je crois même que je ne pouvais pas trouver mieux pour commencer. Plus le public est difficile, plus il est passionnant de lui imposer ses chansons. Quand je vois plusieurs spectateurs qui oublient de manger ou de boire pour m'écouter, je suis pleinement heureuse. Et puis, ce n'est qu'un entraînement. Ce n'est que cet été que les choses sérieuses vont commencer. Je pars en tournée avec Julien Clerc et Pierre Vassiliu, et je crois que ça va drôlement me changer. J'en ai déjà eu un aperçu, dernièrement, en chantant à R.T.L.-Non Stop avec Julien, devant trois mille personnes. On a beau être prévenu, cela fait un choc; surtout moi qui suis timide. Dans le fond, est-ce vraiment un handicap? Il y a quelques semaines, j'ai vu Stephen Stills sur scène à Paris. Il se défonçait littéralement: c'était fantastique. Le lendemain, je l'ai rencontré à un dîner. Il était mort de trac, gardait les yeux baissés et n'osait pas dire un mot... La scène est le public, c'est peut-être notre revanche à nous, les timides... Je le saurai cet été.
Cet été, à n'en pas douter, marquera le grand démarrage de Véronique Sanson. Tous les gens qui l'ont approchée et qui ont écouté son disque n'en doutent pas. En attendant cette première grand épreuve, Véronique fait avec conscience et bonne humeur l'apprentissage du vedettariat. Interviews, séances photos, télévisions, elle se plie à toutes les exigences du métier avec le sérieux des vrais professionnels. Son seul point noir: elle ne sait pas être à l'heure.
- Chez moi, c'est dramatique, mais je ne peux jamais être exacte à un rendez-vous. J'oublie toujours de compter le temps du trajet, ce qui fait que je pars des Champs-Elysées à la minute où je devrais être à la Bastille. J'espère qu'on ne m'en veut pas trop. Si ça continue comme ça, je conseillerai à tout le monde de me fixer rendez-vous une demi-heure à l'avance. Ça rattrapera mon retard. Il y a une autre chose que je n'aime pas beaucoup dans toutes ces obligations: faire des photos. Non pas que je n'aime pas poser, mais tous les photographes veulent toujours vous transformer, vous maquiller. Moi, me maquiller, alors que je ne suis pas du tout coquette.. Attention, j'aime beaucoup plaire, mais ce qui m'importe surtout c'est de me sentir bien dans ma peau. Or, ma peau, c'est un bleu-jean, un tee-shirt, un foulard autour du cou et des cheveux dans tous les sens. Je n'ai pas envie qu'on me change. Si on le fait, les photos ne me ressemblent plus.
Et puis, phénomène assez rare, Véronique sait aussi oublier le métier pour vivre comme toutes les filles de son âge. Elle va au cinéma, retrouve quelques vieux copains, chahute avec sa sœur, un autre personnage qui dispute des courses de moto sur une Kawazaki 350, bouquine pour se tenir au courant de la vie du monde et compléter son information politique à laquelle elle tient beaucoup. ("Ne pas s'intéresser à la politique, déclare Véronique, c'est refuser de comprendre le monde, notre société, notre avenir. D'ailleurs, sans le savoir, chacun fait de la politique.") Oui, Véronique pourrait facilement passer pour une fille comme les autres... si elle ne possédait pas déjà une formidable certitude: celle de pouvoir toujours s'exprimer et, à coup sûr, de réussir, grâce à sa plus grande passion, la musique.

 

 

We had a meeting at 5h. It was already a quarter to six, and still no Véronique Sanson. However, the people in the know had already warned me: she is always late for her rendezvous, arriving tired and with unbrushed hair after her photo sessions, etc. This had all the ingredients for being a difficult interview! 


I was feeling that I was going to have an awkward time with the person behind the LP which I adored. While waiting, I put this little masterpiece on my "SLC" hi-fi (provided by "Salut Les Copains" magazine). You know it I guess: "Amoureuse", "Pour qui", and "Besoin de personne", nothing but top-class songs. And then this voice that dances in the wings, which uses tremolos with astonishing ease. The whole form seems unreal when listened to with eyes closed and relaxed. When the final notes ended, I had already half-forgiven Véronique for her late arrival. That was the moment that she had decided to make her entry. Have you noticed that the greeting "bonjour" does not mean a thing to most people? But from the mouth of Véronique, it regains all its meaning, which is: "I wish you a nice day", and which underlines the sparkle of her big brown eyes and her gentle smile. Within ten seconds, I was won over.

All of my stupid prejudgments were gone, and I was already eager to know better this person and even to become good friends. A few minutes later, moments after having sat down, with a half-pint of beer, I started firing the questions. First it was about the simple details, such as her date of birth and her star sign. The replies came quickly, even automatically. But they were missing something: Véronique worked out her date of birth, but missed out completely on her star sign, and then spoke about something else, elaborated and reiterated! 


Even before my interview had actually began, I knew that she loves to ski, and go down any ski slope like a kamikaze, she swims the crawl very fast, considers water like a second home, and she detests the fashion of short blouses "in which every girl appears to be 6 months pregnant"! While she was speaking, I watched her hands moving. They punctuated each word, contracted to affirm something, and relaxed when expressing something, before reaching for her gitanes and her lighter. Her hands were speaking for her. It was nothing to do with nervousness, coldness, or exaggeration. Véro's hands were conveying balance, a sense of proportion, and were searching a way to make contact.


So from where comes this incredible lady? What is her history? Her life? I asked her, in readiness to note down a long biography, but her reply left my felt-pen in suspense:

"I can tell you what I've been told about my childhood, but personally I remember nothing. I had meningitis seven years ago, and I have no memory of my life before then. I have not forgotten absolutely everything, but I have these big black holes in which I can't recreate any image. Then again, certain sensations are linked to my childhood, but I am unable to explain how. Today certain smells or images grab me, but without my being able to associate a precise memory. For example, rings for small girls fascinate me. What does that mean? I haven't a clue!"

In this way, Véronique Sanson has no childhood history. It is an exceptional case, like a fairytale. However, this situation no longer surpises Véro. She knows that the memories of childhood come from those close to her. So her memories she can recite one by one, but only after she's been reminded of them herself:


"I believe that I can say that I had a happy childhood. Between my father who was a lawyer, deputy, and sporting, a wonderful mother, and an older sister even crazier than me, I had a fantastic childhood. The only dark side was the fact that I hated school. And then, there was this stupid illness which knocked me over completely."


"I came out of the cinema into the fresh air in Monte Carlo when I heard an enormous explosion. At the time, I thought it was a bomb, but then I understood that it was in my head, and then slowly I fell into a coma. My father thought it was a kind of joke and did not want to admit that I was seriously ill, and decided to take me back to Paris himself. Unfortunately it was a year of heavy flooding, and we only arrived three days later. I was already very stiff. I'll skip over the details of the care and the two weeks in hospital. But then, one morning, I woke up in top form and got up. After two months of convalesce, there were no relapses. The only awkward bit was when my parents or friends in a discussion brought up a memory together with the usual phrase: "Do you remember?" It was then that I had to say that I remembered nothing at all. It was not really any harder than that."

- But you did not forget your piano and solfa lessons I suppose?

"Yes, for the good reason that I had not yet taken any. When my sister and I were small, our father put us in front of the piano to learn to play some parts of songs currently in fashion. Because I hated doing the scales, I loved doing that kind of thing straight away, and continued to play on the piano for pleasure. But it was after the meningitis that I really discovered music. 


I slightly departed from the keyboards for the guitar on which I wrote songs, and created some new sounds. I had just discovered singers like Del Shannon or The Beatles. That gave me a terrible shock and I wanted to write songs like theirs. With my sister and an old friend, Francois Bernemm, we decided to form a trio: "Les Roche-Martin". As one of our friends worked at Pathé, we could easily make a recording of our first disc. (I even remember that at the time, it was Benjamin who make our sleeve). Unfortunately it is not easy to sing and to continue studying. My sister was a student, Francois was studying law or something like that, and I was trying to keep up with my schoolwork. So, we decided to end the contract and stop. I was really sad about that. 

Yes indeed, Véro loved "Les Roche-Martin". Even if it was not perfect, the birth of this group constituted her first contract in the music world which fascinated her. Undoubtably she "caught the bug", and from this addiction there is no cure! So, she was hooked. Her friends at Pathé did not forget her, and asked her to write some songs for Isabelle de Funès. She did not ask for anything more. That was all she wanted: to express her music. In the studio they loved Véro, and one day in the lift, the director asked Véro why she did not make a recording herself. As soon as the green light was given, she put out the single "Le Feu du ciel". Drowned in the mass of new 7-inch productions, Véro did not have the success which she had hoped for, and discouraged, she refused to continue.


As luck would have it for her, it was when she failed her exams. This was a disaster for her father, but she felt free. She was finished with studying, and the world of music was hers. There was an apparent period of inactivity. Véronique visited friends, discovered the world, and wrote and wrote. For at least three hours per day she would play the guitar or the piano. All of these musical phrases which were flying around her head were caught on her instruments as original songs. But this means of expression did not suffice. There were others that she wanted to try out.

She started work on an enormous project which had obsessed her for a long time. It was the composition of a concerto for two flutes, two clarinets, and an orchestra. Because she did not know how to transcribe music, she got the help of two musician friends who noted down on paper all the melodies that she had invented for each instrument. After seven months of uninterrupted work came the final product of three complete movements ready to be played. Today it is tucked away somewhere in a drawer where it has been since June last year. All the royalties from Pathé are gone, but Véronique is happy.

"You see, a symphony is a magnificent way to express oneself. You can develop your main theme, and you can put a twist to it, squeeze it like a lemon until you have got everything out. At the end, you have said it all, you are empty, and you are happy".

You have got to see Véronique speak about music. She livens up, she ignites, she burns! It is a passion of love which describes what she loves. It is evident that music is Véro's "oxygen". When she misses it, she suffocates. When she breathes it, she's got to express it so as not to "burn" herself. But will her concerto be played one day? Véronique has no doubt about that. It is just a question of money: but the essential thing was to write it. For the moment, she has rediscovered this other means to satisfy her love of music: the song. Enter Kinney-Filipacchi thanks to a long time friend, Michel Berger, she got to work directly on a fantastic disc. With some songs in reserve, and the recording session remains for her a wonderful memory. 


"To accompany me, I had some musicians from the ex-"Système Crapoutchik". They came along just for a normal session to earn a bit of money. When I sat down by the piano (feeling very nervous), they were a bit surprised that I knew music. I was part of their world, and visibly they liked that. I told them: "We are here to play my songs, but to sing together, OK?" And the session was nothing more than a big jamming session. The first day I sang for nine and a half hours in a row. We just did not notice the time pass. In total, the recording took us only two days in that we understood eachother well. The first "take" of a song was nearly always the good one. It is quite like that that I seen a recording: live with musicians who want it. I do not understand what others do for recordings. Wearing a cap, I am not at ease, and I think I sing too loudly. But like that I sang happily for two days. I think that we were all quite sad when it was over so soon."

But for Véronique, it is not an end, but a true beginning. Despite her obvious talents, she recognises that it is not easy, and she is ready to work hard to succeed in this business. Her goal: to become a star. Not only to sing as someone well known with all the advantages that brings, but also to give her music a good airing. That is what she wants, to offer the listening public her lovely songs which are in the making inside her head. For sure, she will have more chance of being heard if she has a name. So, she has approached this methodically. First of all, some experience playing live. To deal with the anxiousness, she had not chosen the easiest of paths: she decided to sing at the Eiffel Tower cabaret. Who could imagine that for a young beginner, the hardest possible testing ground on a mini stage in front of an audience of tourists there to taste the French cuisine more than to listen to music. But Véronique is very happy with the idea of this, her first test. 


"I believe that I could not find a better way to start out. The harder the audience is to please, the more fascinating it is to sing in front of them. When I see several spectators forget to eat or drink to listen to me, I am really happy. And then again, it is only entertainment. It is only this summer that the serious side will start. I will go out on tour with Julien Clerc et Pierre Vassiliu, and I think that will change things a lot. I have already had a glimpse recently with "RTL Non-stop" with Julien in front of 3000 people. We were warned that it would be a shock especially for me because of my shyness. But is it essentially a handicap? A few weeks ago I saw Stephen Stills live in Paris. He really let himself go, and it was fantastic. The next day I met him at a dinner. He was very nervous, looking down, and did not dare to say a word. The stage is perhaps the compensation for the shy... I will know that this summer."


This summer without doubt will mark the big beginning for Véronique Sanson. Everyone who has listened to her record has no doubt about that. While waiting for this first big test, Véronique in good humour follows her apprenticeship to be a star. Interviews, photograph sessions, television shows, she turns to every means with the professionals. Her only weakness: she doesn't know how to arrive on time!

"At home, it's a bit dramatic: I can never be right on time for a meeting. I always forget to take into account the time taken for the journey. I leave the Champs Elysées at a time when I should already be at the Bastille. If it goes on like that, I'd advise everyone to make a rendezvous with me half an hour in advance! That should compensate for my lateness. There is another thing that I do not like in all these obligations: that is the photographs. It is not that I do not like to pose, but the photographers always want to cover you in makeup. As for me, I do my own makeup. I like to please myself a lot, but mainly to feel good with myself. I like dressing in jeans, a teeshirt, and a scarf around the neck and my hair everywhere. I don't want anyone to change me. If people do that, then the photos do not reflect me at all."


And then, with this rare phenomen, Véro knows how to switch off from work and live like any other girl of her own age. She goes to the cinema, sees old friends, misbehaves with her sister, rides a Kawazaki 350... Yes, Véro can easily pass as any other girl, even if she already is a certainty: she is always one to express herself, and for sure, to succeed, thanks to her greatest passion: music.

 

[Odeur de Neige]

 

Revised: July 01, 2002.